L’équation de prédiction de la capacité d’ingestion tiCI) en période de traite exclusive actuellement utilisée pour les brebis laitières de race Corse a été établie sur la base d’essais effectués sur des brebis de fort gabarit. Dans le cadre du développement de l’outil de rationnement INRAtion®V5 et son interface RUMIN’AL® pour les brebis laitières et compte tenu qu’aucune mesure d’ingestion n’a jamais été faite sur la race Corse en bergerie exclusive, l’ODARC a souhaité évaluer cette équation au sein de sa plateforme expérimentale d’Altiani au cours de 3 années successives tiA1, A2, A3). Chaque année, nous avons constitué deux groupes de 10 brebis adultes, équilibrés sur le poids (PV), la note d’État corporel (NEC), la taille de portée, mais avec des niveaux de production laitière (PL) différents (hauts et bas). Ainsi nous avons obtenus en A1 : 0,39 L et 0,72 L, en A2 : 0,93 L et 1,36 L et en A3 : 1,22 L et 1,61 L. L’expérimentation a été conduite en deux périodes de cinq semaines chacune, avec une période d'adaptation préalable de deux semaines. Les brebis ont été alimentées avec du foin de dactyle et de trèfle violet, distribué à volonté ti15 % de refus). Une complémentation constituée d'aliment concentré azoté du commerce et de maïs a été distribuée chaque matin. Les apports de concentrés ont été modifiés à chaque période pour approcher le taux de substitution et ajuster les apports aux besoins. Les quantités distribuées et les refus de foin ont été pesées 4 jours par semaine pour chaque lot et des analyses nutritionnelles ont été réalisées. Les PL individuelles et la composition du lait de mélange de chacun des lots ont été mesurées chaque semaine durant tout l’essai. Le PV et la NEC ont été mesurés respectivement une fois par semaine et toutes les deux semaines. Nous avons calculé la CI observée à partir de la composition chimique du foin ingéré et l’avons comparée à la CI théorique. À chaque campagne, nous avons constaté que la PL des brebis chutait après la mise en lot avec maintien en bergerie, alors que le troupeau pâture quotidiennement. Les écarts de PL significatifs au moment de la mise en lot se sont drastiquement réduits au cours de l’expérimentation, jusqu’à devenir quasiment nuls en fin d’expérimentation. Dans ces conditions, les CI « théoriques » moyennes des deux lots, calculées à partir de la PL standard et du poids vif de chaque brebis, étaient très faibles et leur comparaison n’a montré que peu de différences. En revanche, les CI « observées » étaient plus élevées. Ainsi, pour chacune des trois campagnes, nous avons constaté une sous-estimation d’environ 28 à 51 % des valeurs « théoriques » par rapport aux valeurs « observées » selon l’année de mesure. Enfin, les NEC sont restées stables durant les deux phases expérimentales, contrairement aux PV qui s’accroissent de 3,3 kg en moyenne sur les deux lots entre le début et la fin de l’expérimentation. Ces premiers résultats originaux semblent indiquer que l’équation actuelle n’est pas adaptée à l’estimation de la CI des brebis de race Corse en période de traite exclusive. Toutefois, la forte diminution de la PL, qui survient après la mise en lot, pourrait générer un biais d’interprétation. Il est donc nécessaire de poursuivre cette étude en essayant de réduire ce biais potentiel