En quête de scientificité, les sciences du langage auront repris, quand bien même sous une forme insuffisamment réfléchie, les a priori d'un rationalisme empirique selon lesquels l'objet, en tant que constitué sous l'égide d'une conscience universelle, et donc impersonnelle, se trouve comme « vu de nulle part ». Mais l'objet « signe » relève principiellement d'une conscience individuelle, et les caractères qui en témoignent ressurgissent toujours. C'est ainsi que Saussure, concurremment au projet d'une détermination strictement relationnelle des faits langagiers, reconnaît sans ambigüité la réalité phénoménologique de l'objet « signe ». Ainsi dans les ELG : « [...] non seulement la signification mais aussi le signe [ici c'est-à-dire le signifiant] est un fait de conscience pure » , et plus encore, ce passage qui préfigure la thèse merleau-pontienne d'un recouvrement des formes de la phénoménalité et de l'objectivité sémiolinguistiques : « il n'EXISTE linguistiquement que ce qui est aperçu par la conscience, c'est-à-dire ce qui est ou devient signe » (ELG 45). La réalité phénoménologique du signe s'impose aussi dans la conception peircienne. Car au coeur de